Depuis 2020, des sociétés cotées ont commencé à inclure Bitcoin dans leur trésorerie d’entreprise. Le mouvement reste marginal, mais structuré. MicroStrategy a ouvert la voie. Tesla, Block et d’autres ont suivi. Aujourd’hui, plus de 60 entreprises détiennent du Bitcoin dans leur bilan. Elles représentent des secteurs variés : tech, énergie, fintech, industrie. Ce choix n’est plus marginal. Il répond à une logique stratégique. Diversification. Réduction de l’exposition au dollar. Anticipation de l’inflation.

Un basculement dans la gestion des risques

Les directeurs financiers (CFO) ne voient plus Bitcoin comme un pari spéculatif. Ils l’intègrent comme un actif non corrélé aux marchés traditionnels. En période de taux réels négatifs ou de dépréciation monétaire, détenir du Bitcoin agit comme une couverture. C’est aussi une manière de capturer un potentiel de croissance à long terme. Les modèles de simulation internes évoluent. On parle désormais de scénarios d’optimisation à 5 % ou 10 % d’exposition.

L’entreprise qui intègre Bitcoin s’appuie sur des dépositaires institutionnels.

L’adoption passe par des garde-fous. Elles sécurisent l’actif via des cold wallets multi-signatures. Certaines passent par des fonds indiciels cotés (ETFs) pour éviter la gestion directe. D’autres recourent à des contrats de couverture sur les marchés dérivés pour lisser la volatilité. Cette discipline rassure les conseils d’administration. Elle renforce la légitimité de l’actif dans le bilan.

Un levier d’image et de positionnement

Adopter Bitcoin, c’est aussi parler à une nouvelle génération d’investisseurs. Les fonds thématiques, les jeunes actionnaires, les employés technophiles y voient une marque d’audace. Certaines entreprises l’utilisent comme levier marketing. D’autres comme message stratégique : elles montrent qu’elles comprennent les tendances structurelles de l’économie numérique.

Un contexte réglementaire en mutation

La SEC a autorisé en 2024 plusieurs ETFs Bitcoin spot. L’Europe a voté MiCA. Ces cadres rassurent. Les audits s’adaptent. Les normes comptables évoluent. Aux États-Unis, le FASB a recommandé une valorisation mark-to-market. En Europe, l’EFRAG travaille à des lignes directrices spécifiques. Ces avancées accélèrent la normalisation. Elles permettent aux CFO de construire une politique d’allocation claire et défendable.

Des stratégies différenciées selon les secteurs

Les entreprises tech ou fintech optent pour des expositions directes. C’est cohérent avec leur culture et leur tolérance au risque. Les groupes industriels préfèrent souvent les produits dérivés ou les ETFs.

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Les sociétés cotées en bourse, soumises à des obligations de transparence, privilégient une approche progressive. En revanche, des fonds d’investissement corporate ou family offices intègrent Bitcoin de manière plus agressive.

Extrapolation vers les années 2030

Si la capitalisation de Bitcoin atteint 10 000 milliards d’euros, une allocation de 1 % dans les bilans des grandes entreprises devient rationnelle. Cela représenterait 100 milliards d’euros injectés dans l’actif. Cela modifierait la structure des marchés. Le Bitcoin deviendrait une véritable classe d’actif d’entreprise. Sa volatilité diminuerait. Sa liquidité augmenterait. L’écosystème des services liés (comptabilité, régulation, cybersécurité) exploserait.

Pour l’entreprise, Bitcoin représente un enjeu de souveraineté financière

Certaines entreprises européennes y voient un outil d’émancipation vis-à-vis du dollar. D’autres y voient un moyen d’échapper à la fragilité des monnaies locales (cas d’entreprises en Amérique latine ou en Afrique). Bitcoin devient une réserve d’actif mondiale. Neutre. Apolitique. C’est une manière pour les entreprises de reprendre la main sur leur trésorerie dans un monde instable.

L’adoption de Bitcoin dans la trésorerie d’entreprise reste marginale.

Mais elle gagne en légitimité. Elle structure une nouvelle approche de la gestion des actifs liquides. Dans un monde où la monnaie devient aussi un vecteur d’instabilité, Bitcoin s’impose comme une réponse technique, stratégique et bientôt institutionnelle.

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